C’est une bonne situation, ça, influenceur finance ?
Scribe, chirurgien, gamer, banquier, agent d’influenceur, acteur porno… Autant de pratiques et de professionnels que d’idées reçues sur les salaires de ces industries. Alors, qui gagne bien ? Combien ? Comment ? BLING Media tente de démêler le vrai du faux. Deux fois par mois, focus sur un gagne-pain et les ordres de grandeur de ses rémunérations.
Parler d’argent, ça rapporte ! Avec jusqu’à 500 000$ de rémunération annuelle pour les meilleurs « Finfluencers », les YouTubers, TikTokeurs et autres producteurs de contenus se multiplient pour parler Bourse, Trading, et retraite anticipée. Avec à la clé, un discours financier décontracté, mais aussi quelques dérapages pas toujours contrôlés. Alors, qui sont-ils ? Combien gagnent-ils ? Comment ? Éléments de réponse.
La fin du costard-cravate
Autrefois réservé à une population d’initiés et de professionnels, l’investissement boursier s’est largement démocratisé au cours des dernières années grâce à la multiplication des plateformes en ligne et des courtiers (ces intermédiaires financiers chargés de faire le lien entre l’investisseur et le marché).
Loin du cliché du Trader en costard-cravate qui investit en scrutant fébrilement des graphiques boursiers sur ses multiples d’écrans, l’investisseur particulier est bien souvent un jeune sans formation financière particulière, qui cherche à arrondir ses fins de mois en boursicotant sur une application de Trading.
Une nouvelle clientèle d’investisseurs en plein essor, comme en témoigne le phénomène Robinhood ; ce courtier américain fondé en 2013 dont le nombre de clients a explosé entre mai et juin 2020 (+3 millions !) et dont les utilisateurs ont une moyenne d’âge de 31 ans seulement.
Et bien évidemment, les influenceurs n’ont pas tardé à sauter sur l’occasion pour s’adresser à ce nouveau public ! Après les vêtements, le maquillage ou encore les produits technologiques, la finance compte désormais elle aussi ses stars des réseaux sociaux, capables de démocratiser les sujets financiers les plus complexes tout en maîtrisant à la perfection les codes des plateformes.
Contenus courts, catchy et accessibles, cette nouvelle génération de « finfluenceurs » aborde des thèmes aussi variés que l’indépendance financière (on pense évidemment au mouvement FIRE, « Financial Independence, Retire Early »), l’univers des cryptomonnaies, ou celui des finances personnelles…
Comme chez les influenceurs plus « classiques », le modèle d’affaires des finfluenceurs consiste à multiplier les sources de revenus afin de monétiser leur audience (parfois énorme).
La star du secteur, Austin Hankwitz, un américain de 25 ans, ancien professionnel de la finance traditionnelle, a aujourd’hui près de 500 000 abonnés sur TikTok et gagne bien plus que ses anciens collègues avec quasiment 500 000 dollars par an (en plus des revenus tirés de son portefeuille d’investissement de plus d’un million de dollars) !
Il est non seulement rémunéré par les marques financières avec lesquelles il travaille pour chacun de ses posts sur TikTok, mais touche également un bonus lorsque l’un de ses abonnés s’inscrit chez ses partenaires. En parallèle, l’influenceur star propose aussi des contenus vidéos plus poussés et payants via son compte Patreon : formations, analyses de marché…
Quand la forme fait oublier le fond
On comprend facilement que les conditions de travail de ces influenceurs de la finance sont bien plus confortables que dans leurs anciens jobs, où faire exploser le compteur d’heures de travail hebdomadaires tout en subissant une pression monstre est assez courant…
Produire des contenus vidéos pédagogiques pour ses abonnés et travailler avec de grands noms du courtage en ligne paraît forcément plus enviable… Surtout lorsqu’on vit la vie de nomade digital dans des cadres paradisiaques !
Pour ne rien gâcher, lorsque ces influenceurs rencontrent le succès, ils sont encore mieux rémunérés que dans la finance classique, comme c’est le cas d’Haley Sacks, plus connue sous le pseudonyme Mrs Dow Jones sur TikTok, qui vulgarise la finance avec des touches de pop culture.
Toutefois, certains profils de finfluenceurs interrogent, car bon nombre d’entre eux ne possèdent en réalité aucune formation financière réelle.
C’est le cas de l’influenceuse Queenie Tan qui ne cache pas qu’elle a acquis ses connaissances sur le tas et n’a aucune qualification financière reconnue. Si cela n’empêche pas certains influenceurs de délivrer de bons conseils de gestion des finances personnelles à leurs abonnés, d’autres sont susceptibles de les induire en erreur, parfois volontairement…
Comme dans tout secteur qui rapporte de l’argent, il existe des dérives : certains influenceurs n’hésitent pas à promettre un enrichissement facile à leurs abonnés en mettant en avant des success stories qui ne servent qu’à créer un biais du survivant (l’attention est focalisée sur l’investisseur qui a réussi, alors que des milliers d’autres dans le même cas ont perdu de l’argent). D’autres tombent même carrément dans l’illégalité, le domaine du conseil financier étant particulièrement encadré : c’est ainsi que Nabilla a dû payer 20 000€ d’amende pour avoir fait la promotion déguisée d’une plateforme de Trading de cryptomonnaies !
Face à ces abus, les autorités de régulation des marchés financiers ainsi que les réseaux sociaux eux-mêmes durcissent le ton et mettent en garde les investisseurs particuliers contre les conseils pas toujours avisés, voire malveillants de certains influenceurs. TikTok exige notamment une plus grande transparence de ses utilisateurs concernant les produits financiers dont ils font la promotion depuis le mois de mai dernier.
Si certains des nouveaux influenceurs de la finance parviennent à très bien gagner leurs vies en prodiguant des conseils avisés, mieux vaut garder son sens critique en alerte afin de ne pas se retrouver à utiliser le service financier ayant tout simplement le plus gros budget sponsoring !